« Nouveaux Horizons »
Live de la création, 17-10-2020
Grand théâtre d’Aix-en-Provence
Âme Chaude – Maeterlinck : [0:39]
Ô mes yeux que l’ombre élucide
À travers mes désirs divers,
Et mon cœur aux rêves ouverts,
Et mes nuits dans mon âme humide !
J’ai trempé dans mon esprit bleu
Les roses des attentes mortes ;
Et mes cils ont fermé les portes
Sur des vœux qui n’auront plus lieu.
Mes doigts aux pâles indolences
Élèvent en vain, chaque soir,
Les cloches vertes de l’espoir
Sur l’herbe mauve des absences.
Et mon âme impuissante a peur
Des songes aigus de ma bouche,
Au milieu des lys que j’attouche ;
Éclipse aux moires de mon cœur !…
La Nuit – Claude Roy : [3:55]
Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de loup de fougère et de menthe Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille aux cheveux d’écume issus de l’eau dormante
Après l’aube la nuit tisseuse de chansons
S’endort d’un songe lourd d’astres et de méduses
Et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
Veille sur le repos des étoiles confuses
Sa main laisse glisser les constellations
Le sable fabuleux des mondes solitaires
La poussière de Dieu et de sa création
La semence de feu qui féconde les terres.
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de mer de feu de loup de piège
Bergère sans troupeaux glaneuse sans épis
Aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige.
Nuits de juin – Victor Hugo : [7:21]
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.